Province Législature Session Type de discours Date du discours Locuteur Fonction du locuteur Parti politique Québec 41e 1e Remarques préliminaires à l’étude des crédits 25 juin 2014 Gaétan Barrette Ministre de la Santé et des Services sociaux PLQ Alors, merci, M. le Président. Alors, je vois que M. le vice-président n'est pas présent. Alors, je prendrai quelques instants pour vous féliciter pour votre élection, M. le Président, et tous les autres collègues de tous les partis. Alors, aujourd'hui, c'est une réunion particulière, évidemment, certainement pour ma part puisque ce sera ma première étude des crédits, qui se passera sans doute très bien. Alors, je suis accompagné aujourd'hui, M. le Président, de mon sous-ministre en titre, M. Michel Fontaine, ainsi que de son équipe, Mme Breton et Mme Pelletier, ainsi que de mon chef de cabinet, M. Desharnais, et de mon attachée de presse, Mme Beauvais. Alors, en guise d'introduction aujourd'hui... Simplement m'assurer que tout est en place ici. Alors, en guise d'introduction, M. le Président, je rappellerai la situation dans laquelle on se trouve aujourd'hui pour cette étude des crédits, qui sera un exercice certainement complexe pour lequel j'essaierai d'avoir les réponses les plus précises à tous les membres de l'Assemblée qui auront à s'adresser à nous. Alors, aujourd'hui, je rappellerai évidemment la situation budgétaire particulière du Québec, parce que c'est dans ce contexte, évidemment, que se feront l'étude des crédits. Alors, premièrement, on comprendra ici la situation qui a été bien expliquée par mes collègues, le premier ministre d'abord, ainsi que par le président du Conseil du trésor, lors des études des crédits précédentes, et qui ont fait état de la situation difficile devant laquelle nous nous trouvons. En premier lieu, évidemment, on connaît aujourd'hui, et ceci a été évidemment vérifié de deux façons, on connaît la situation précaire de notre gouvernement quant aux finances publiques. On connaît évidemment la situation vers laquelle nous nous dirigions de façon irrévocable, c'est-à-dire un déficit potentiel de 7 milliards dans deux ans et, évidemment, les déficits qui n'étaient non pas annoncés, mais qui ont été vérifiés pour l'année 2014-2015 et l'année 2015-2016, respectivement de 2,5 milliards et de 1 750 000 000. Alors, on sait qu'au Québec la croissance des dépenses publiques dans la dernière période de 10 ans a été relativement élevée, peut-être pas énormément élevée par rapport au reste du monde, mais certainement très élevée par rapport à notre capacité collective de payer puisque la croissance des dépenses aurait été en moyenne, dans les 10 dernières années, de 5 %. Et particulièrement en santé, elle aurait été même de 5,6 %, ce qui est évidemment substantiel. Alors, aujourd'hui, on se retrouve dans une situation où on a à faire face à cette problématique, d'une part, et, d'autre part, on a à faire face non seulement au retour à l'équilibre budgétaire, mais à la nécessité pour notre gouvernement et, je dirais, la société québécoise de faire en sorte que, si le système de santé, parce que je pense que c'est ce dont il est question, peut être pérenne dans sa nature, c'est-à-dire dans sa nature publique, et puisse continuer à offrir des services tels que requis à la population, bien, à un moment donné, il doit y avoir des décisions qui seront certainement difficiles à prendre, mais des décisions devront être prises. Et c'est la raison pour laquelle notre gouvernement, pendant la période du retour à l'équilibre budgétaire, vise une croissance en santé de 3 %. Donc, la santé sera un secteur d'activité où il y aura croissance, par opposition à certains autres secteurs de notre gouvernement où il y aura certainement des situations encore plus difficiles à vivre. Mais notre gouvernement a fait le choix de maintenir les services. Et je pense que c'est la responsabilité du gouvernement, dans un sujet aussi délicat que celui de la santé, de pouvoir s'assurer qu'en bout de ligne la population reçoive les services requis pour des soins de santé requis. Ceci dit, cet exercice-là ne pourra pas se faire autrement qu'en mettant en application des principes fondamentaux, les principes fondamentaux qui sont ceux de notre gouvernement et que j'énumère et agrémente de quelques commentaires. D'abord, l'intégrité. L'intégrité, ça veut dire quoi pour la santé et pour notre gouvernement, pour l'ensemble de notre gouvernement? Ça signifie que, face à la population, comme nous nous sommes engagés dans la voie de l'équilibre budgétaire et de la responsabilisation de nos dépenses, la population s'attend non seulement à des gestes politiques qui soient clairs, nets et précis, mais certainement des gestes politiques et administratifs irréprochables. Et c'est la raison pour laquelle on verra, là, dans la prochaine étude des crédits et dans notre mandat quand on aura des décisions difficiles à être prises, les décisions seront prises d'une façon rigoureuse et aussi transparente, la transparence étant essentiellement la deuxième et certainement pas la dernière des valeurs et principes qui sous-tendent l'action de notre gouvernement. C'est quoi, la transparence? Évidemment, j'y ai fait référence il y a quelques instants, les décisions qui sont prises, qui seront prises et qui seront difficiles, bien, seront faites avec clarté, c'est-à-dire qu'on informera la population et on débattra. C'est le rôle de l'Assemblée nationale, de faire ces débats-là, et on prendra les décisions ou on avancera des solutions avec le maximum de lucidité et en fonction des problèmes et des enjeux auxquels fait face non seulement le gouvernement, mais toute la population du Québec. Une autre valeur est celle de l'équité. L'équité, là, ça signifie évidemment traiter les citoyens et les groupes de population de façon juste et équilibrée. En termes plus clairs, ça signifie qu'en santé ce n'est pas un endroit où on fait de la petite politique. Et il n'y aura pas, là, de décisions qui seront prises en fonction d'un comté ou pas d'un comté. Récemment, j'annonçais, par exemple, et j'y fais référence, la semaine dernière, j'annonçais qu'il allait y avoir un report, le report d'un projet, et non pas l'annulation, dans… du projet du CHU, à Sherbrooke, pour le bâtiment mère-enfant, par exemple. Ce n'est pas un projet qui est abandonné, c'est un projet qui est essentiellement reporté pour des raisons purement d'équité. Et, quand on dit équité, ça signifie qu'à un moment donné on doit faire en sorte qu'il y ait un ordonnancement basé sur la raison. Et, quand j'ai pris cette décision-là, M. le Président, c'est une décision qui était basée d'abord et avant tout sur l'équité et non sur la couleur du comté, surtout que, dans l'hôpital en question, la couleur du comté était exactement la nôtre. Alors, à un moment donné, il faut faire en sorte que des décisions soient prises, et, par exemple, dans ce cas-là, nous y sommes allés sur la base de la vétusté, parce qu'il y avait des projets qui devaient passer devant d'autres. Et ça, je pense que le gouvernement s'attend… pas le gouvernement, je m'excuse, la population s'attend à ce que nos décisions soient empreintes d'équité au maximum. Le respect. Le respect, ça veut dire transiger avec les partenaires avec considération, mais sans complaisance. Je viens de donner un exemple qui allait exactement dans ce sens-là. Ce sera le cas, comme je l'ai dit il y a quelques instants, pour les débats à l'Assemblée nationale. Oui, l'Assemblée est un endroit de débat que l'on qualifie de contradictoire, contradictoire étant un terme pour dire «débat». Et qui dit débat signifie qu'on n'a pas nécessairement tous la même opinion, mais du débat doit normalement naître soit la vérité, soit un compromis raisonnable, c'est la maxime selon laquelle j'ai toujours exercé ma pratique, mes opinions et mes actions politiques, ce sera le cas encore aujourd'hui. Et si, à l'Assemblée nationale, de meilleures idées surgissent que celles que nous proposerons, bien, elles sont bienvenues, et nous les prendrons en considération. D'ailleurs, je prends à ce titre le commentaire qui a été fait par notre collègue de Lévis, lors du discours du budget, qui avait salué en grande partie les mesures qui étaient proposées par mon collègue de Robert-Baldwin lors de la présentation de son budget. La confiance. La confiance, ça signifie que… et ça, c'est important. Nous, on doit tous ensemble… et au Parti libéral, au gouvernement, on croit qu'on peut réussir. Et, en santé, on peut réussir à maintenir ce système public, on peut le garder à long terme et de façon pérenne, mais, malheureusement, ça demande quand même des ajustements. Et ces ajustements-là, évidemment, on y reviendra plus tard, on les verra lors de la révision de programmes qui sera faite dans la prochaine année sur le comité qui est présidé par Mme Robillard. Travail d'équipe, alors ça signifie évidemment travailler de concert, notamment au Parlement, j'y ai fait référence, là, il y a quelques instants. Et évidemment nous venons de vivre, dans les quatre dernières années, essentiellement un exercice qui s'est traduit par la plus grande transparence, qui est celui… la plus grande transparence, je m'excuse, et la plus grande collégialité, et je parle évidemment du projet de loi n° 52 qui s'est conclu, lors de cette session parlementaire ci, au bénéfice de toute la population du Québec. Alors, revenons encore sur les grands paramètres de notre budget qui a été présenté récemment. Alors, en santé, on le sait, c'est 32 milliards, 32 346 000 000 $, c'est une proportion, on le sait, substantielle du budget du Québec, et à ça doit s'ajouter des dépenses financées par le FINESSS, et, pour ceux qui ne sont pas familiers avec la chose, c'est le Fonds de financement des établissements de santé et des services sociaux, dans lequel s'ajoutent aux 32 milliards 1 545 000 000 $, pour un total que vous connaissez. Alors, globalement, je l'ai dit en guise d'introduction, nous prévoyons pour la prochaine année une croissance des dépenses de 3 %. Évidemment, c'est une croissance qui est inférieure à la croissance historique du budget de la santé du Québec, d'où la nécessité ultérieure de prendre des décisions difficiles, mais notre situation est évidemment plus favorable que dans certains autres ministères. Et, je le rappelle, je ne peux pas passer sous silence que, dans les 10 dernières années, la croissance moyenne des dépenses en santé… insoutenable, c'est insoutenable, et c'est une question purement mathématique. C'est insoutenable d'avoir une croissance en santé qui est de l'ordre perpétuel de 5,6 %. C'est ce qu'a vécu le système de santé québécois pendant les 10 dernières années, et c'est là que se situe le plus grand défi de notre ministère, c'est-à-dire ramener, dans le cadre du retour à l'équilibre budgétaire, cette croissance à 3 % pour cette année, et évidemment très probablement la même chose pour l'année prochaine, pour ensuite viser une croissance annuelle de l'ordre de 4 %. Je rappellerai à cet égard que le retour à l'équilibre zéro est une priorité pour notre gouvernement, mais je rappellerai aussi à la population que, récemment, des études ont été publiées, dont l'étude de l'Institut du Québec, pilotée par M. Bachand, qui nous disait que le système de santé peut être maintenu si sa croissance... les coûts de croissance sont maintenus dans l'ordre de 4 à 4,5, 4,25 %. Nous, on vise 4 %, mais il y a une étape, évidemment, qui est difficile, au travers de laquelle il faut passer dans un premier temps, qui est celle du retour à l'équilibre budgétaire qui passe par un contrôle de la croissance des coûts de 3 % pour la prochaine année, ce qui va nous amener évidemment à des choix qui vont être probablement difficiles, mais qui seront débattus ici, certainement par l'étude des crédits et ultérieurement à l'Assemblée nationale. Mais, clairement, le statu quo est inacceptable pour plusieurs raisons qui sont évidentes : la croissance, mais aussi pour une cause, parce qu'une cause... les effets viennent toujours d'une cause, évidemment, en santé, alors la première étant celle du vieillissement de la population, et on sait que le pic démographique du vieillissement de la population se situe en 2031, et, si rien n'est fait, les dépenses en santé passeront, à cause, en partie, de cette situation-là, de 43 % de notre budget à 69 % de l'ensemble des dépenses de programmes du gouvernement. Et ça, c'est une chose, évidemment, qu'aucune juridiction canadienne ou internationale ne peut supporter. Alors, devant ça déjà, on a mis en place des mesures pour faire face à cette situation, d'où la demande qui a été faite au réseau, dès notre arrivée, d'augmenter de 2 % la productivité pour ce qui est de l'administratif et de la cible, dans notre programme électoral, d'une réduction de la bureaucratie sur trois ans. Alors, on cible également une réduction des dépenses administratives immédiate de 3 % dans tout le réseau, et nous avons bonne confiance que ces objectifs-là seront atteints. Évidemment, j'y ai fait référence il y a quelques instants, il y aura l'exercice de révision de programmes. Et on pourrait dire que la santé est un programme, mais la santé est peut-être un programme, mais il est constitué d'une mosaïque, d'une multitude de programmes. Et, dans l'exercice de révision de programmes dans lequel on s'engage en date d'aujourd'hui, ces programmes-là, ces sous-programmes seront révisés, et une réflexion sera faite, et des conclusions seront tirées, d'où l'importance pour nous de participer activement à cet exercice. Notre objectif : préserver l'essentiel. Nous ne sommes pas dans une dynamique où nous allons couper pour couper. Nous allons voir ce qui est essentiel et revoir ce qui demande d'être révisé sur cette base et, certainement, nous allons revoir les façons de fonctionner et s'assurer que, par des gains de productivité et éventuellement de restructuration ou de rationalisation, nous puissions atteindre l'efficience clinique appropriée pour maintenir en place les services à la population et respecter la croissance visée de notre budget pour faire en sorte qu'à la fin de l'exercice, en 2014-2015 et 2015-2016, on revienne à l'équilibre budgétaire pour ensuite avoir le bénéfice d'avoir une croissance qui soit contrôlée par la suite. Donc, on comprendra que c'est un défi qui est absolument colossal, qui va demander de grands efforts de tout le monde. Et, comme je l'ai dit à plusieurs reprises dans un passé récent et en campagne électorale, tout le monde va être obligé de contribuer. Il n'y a pas de groupes, de sous-groupes, de secteurs qui n'auront pas une contribution à faire, c'est impossible. Au bout de la ligne, encore une fois, c'est la pérennité de notre système qui est en cause. Alors, des services, comme ceci a été dit, des développements de services seront possibles à partir de 2016. Entre-temps, nous serons dans une période de rationalisation et de réévaluation nécessaire pour le retour à l'équilibre budgétaire. Alors, concrètement, nous sommes donc en synchronisme et nous adhérons complètement aux positions de notre premier ministre, de notre ministre des Finances et de notre président du Conseil du trésor. Toujours sur le plan de la bonne gestion, nous sommes de fervents défenseurs du financement d'activités. Nous y reviendrons à plusieurs reprises. C'était dans notre campagne… dans notre programme électoral. Le financement d'activités est un levier essentiel au contrôle des coûts pour une raison très simple. Il est historique qu'au Québec, peu importe le gouvernement, il est historique que nous ayons eu des difficultés à évaluer les coûts. Alors, l'évaluation des coûts doit passer par une méthode qui soit améliorée, qui est celle du financement d'activités, et on y reviendra beaucoup… En conclusion. En conclusion, je terminerai en rafale sur quelques éléments. La première ligne, qui est une priorité pour notre gouvernement… et de cette priorité-là, nous allons prendre des actions pour les GMF. Notre programme électoral prévoit le développement des infirmières praticiennes spécialisées, et, pour l'ensemble des services spécialisés, on s'attend à une utilisation beaucoup plus optimale des plateaux techniques, qui est celle que nous faisons aujourd'hui. Et ça, ça va pour la chirurgie, le cancer et toute la programmation de périnatalité et particulièrement du contrôle de coûts en médicaments. On l'a dit, en campagne électorale, que des économies substantielles étaient à être faites sur la base de la négociation des ententes pour le coût des médicaments, et ce sera fait. Et, au bout de la ligne, évidemment, ce sera la survie de notre système qui sera en jeu et assurée. Je termine sur un mot, M. le Président : N'oublions certainement pas la problématique de la qualité de vie de nos aînés auxquels nous aurons, évidemment, à nous adresser de la façon la plus constructive possible et toujours en respectant nos objectifs budgétaires. Alors, je vous remercie, M. le Président, de m'avoir accordé ces quelques secondes supplémentaires.