Province Législature Session Type de discours Date du discours Locuteur Fonction du locuteur Parti politique Québec 40e 1e Remarques préliminaires à l’étude des crédits 12 février 2013 Réjean Hébert Ministre de la Santé et des Services sociaux PQ Merci beaucoup, M. le Président. Je voudrais d'abord saluer les membres de la commission, de l'opposition et aussi mes collègues du parti gouvernemental. Et je voudrais vous présenter... pas l'ensemble de l'armada qui m'accompagne parce que ça prendrait trop de temps. Alors, je vais vous présenter les personnes principales, et ils auront l'occasion, s'ils ont à intervenir, de se présenter. Alors, je vous présente, à ma droite, M. Jacques Cotton, qui est sous-ministre en titre du ministère de la Santé et des Services sociaux et, à ma gauche, France Amyot qui est ma directrice de cabinet. Alors, l'étude des crédits, c'est un moment où le gouvernement doit faire preuve de rigueur, bien sûr, mais aussi de transparence pour faire état des crédits qui ont été dépensés et des crédits qui sont associés au prochain budget des dépenses. Comme vous le savez, le budget des dépenses du ministère de la Santé et des Services sociaux atteint l'année prochaine, un montant de 31 258 000 000 $, auquel on doit ajouter le FINESSS, qui est de 1 449 000 000 $, soit un total de 32 707 000 000 $, ce qui représente une augmentation de 4,8 % par rapport aux dépenses probables de 2012 2013. Et c'est, comme vous le savez, plus que tous les autres secteurs de l'activité gouvernementale, ce qui nous oblige, M. le Président, à faire preuve d'encore plus de rigueur pour faire en sorte que les fonds publics soient gérés de la façon la plus rigoureuse possible et que l'argent aille vraiment pour donner des services à la population. Alors, je voudrais en profiter, dans ces remarques préliminaires, pour vous faire part de ma vision concernant un certain nombre de priorités que j'entends préconiser à la tête de ce ministère. Je souhaite que cette vision-là soit intégrée et non pas de gérer à la pièce pour être en mesure d'adapter le système de santé au défi démographique que représente le vieillissement de la population. Notre système de santé a été bâti, comme vous le savez, M. le Président, au siècle dernier, où la population était surtout jeune. On faisait face à des maladies surtout aiguës et donc on a un système qui s'est bâti autour des hôpitaux. Et on constate maintenant, avec une population vieille, qui souffre surtout de maladies chroniques, que ce modèle hospitalocentré est inadapté pour répondre aux nouveaux besoins de la société québécoise. Il faut donc, M. le Président, être en mesure de recentrer le système de santé autour du lieu de résidence des personnes qui souffrent de maladies chroniques, et, pour ce faire, nous voulons mener quatre stratégies principales. D'abord, en amont, nous voulons prioriser la prévention, parce que la plupart des maladies chroniques peuvent être prévenues par des activités soit de promotion de la santé ou encore des activités de dépistage. Alors, nous allons lancer une politique nationale de prévention et de promotion de la santé avec un livre vert qui sera rendu public ce printemps et une politique qui, suite à une consultation, pourra être lancée au cours de l'automne. Cette politique comprendra, bien sûr, la lutte au tabagisme qui encore est associé à de nombreuses maladies chroniques et pour lesquelles il faut redoubler d'ardeur, mais nous insisterons aussi sur la pratique régulière d'activité physique. Et je vous rappelle que Mme la première ministre a annoncé une politique d'activité physique pour que les Québécois puissent être parmi les meilleurs au monde en ce qui a trait à l'activité physique. Il faudra également s'attaquer à des problèmes de malnutrition chez notre population. Il faudra également faire la promotion d'environnements sains, lutter contre les inégalités sociales et également pouvoir être en mesure de bien détecter la plupart des cancers qui, maintenant, peuvent être dépistés plus rapidement. Deuxième stratégie, il faut, bien sûr, avoir une première ligne efficace, notamment pour suivre les personnes qui présentent des maladies chroniques, de façon à ce qu'un suivi régulier, un ajustement des thérapeutiques, de la diète puissent faire en sorte que ces personnes n'aient pas besoin d'être hospitalisées indûment et n'aient pas besoin de recourir aux urgences faute d'un bon suivi en première ligne. Alors, nous voulons donc généraliser l'accès à un médecin de famille en complétant le réseau des médecins de famille et en faisant en sorte que la majorité des médecins de famille puissent être intégrés dans ce type de pratique, les groupes de médecins de famille qui permettent de mieux suivre les patients avec des maladies chroniques. Nous voulons également mieux doter ces groupes de médecins de famille d'autres professionnels de la santé qui viendront appuyer les efforts du médecin dans un meilleur contrôle des maladies chroniques. Et, pour ce faire, vous savez, l'intervention des infirmières, bien sûr, des infirmières praticiennes spécialisées en soins de première ligne, mais aussi des nutritionnistes, des inhalothérapeutes, des intervenants psychosociaux qui pourront permettre à ces groupes de médecins de famille de mieux suivre les patients qui présentent des maladies chroniques. Troisièmement, nous voulons mieux coordonner et mieux intégrer les services, notamment pour les personnes âgées, et nous souhaitons compléter le réseau intégré de services aux personnes âgées. Actuellement, nous sommes à 60 % d'implantation et nous souhaitons que ce réseau puisse atteindre 80 % d'implantation au cours de la prochaine année. Mais il n'y a pas que l'amont qu'on doit... sur lequel on doit s'appuyer, donc avant l'hôpital. Il y a aussi après l'hôpital parce qu'il y a de nombreux malades qui attendent actuellement à l'hôpital un lit en centre d'hébergement et de soins de longue durée. Pourquoi? Parce que les CHSLD sont devenus la seule option pour des personnes âgées en lourde perte d'autonomie, qui n'ont pas la chance d'avoir un proche aidant ou une proche aidante, surtout, qui s'épuise à leur donner les services étant donné le peu de soins à domicile qui sont disponibles dans notre réseau de la santé et des services sociaux. Nous voulons donc prioriser les soins à domicile, et c'est pour cette raison que 110 millions de plus ont été annoncés dans le budget pour l'année prochaine, de façon à augmenter de plus de 20 % le budget des soins à domicile, de façon, justement, à ce que les personnes puissent avoir, à domicile, des services dont ils ont besoin et que le centre d'hébergement ne soit pas la seule option, de façon à libérer les centres d'hébergement qui vont pouvoir accueillir les gens pour qui il n'y a pas d'autre solution. Cette stratégie permettra, comme vous pouvez vous en rendre compte, de libérer les lits d'hôpitaux actuellement occupés par des personnes âgées en perte d'autonomie, ce qui aura pour effet d'admettre plus de malades en provenance des urgences et également plus de malades qui sont sur les listes d'attente pour une chirurgie. Mais un investissement supplémentaire n'est pas suffisant. Si on veut opérer ce virage important, on devra faire comme la plupart des pays industrialisés l'ont fait, c'est-à-dire mettre en place une véritable assurance autonomie, de façon à assurer un financement public pour les services de longue durée et réellement donner un choix aux personnes âgées en perte d'autonomie de pouvoir recevoir les services là où ils souhaitent les recevoir et par le prestataire qu'ils souhaitent avoir. Nous pourrons, à cet effet, profiter de l'expérience de d'autres pays, notamment de la France, mais aussi du Japon et de d'autres pays européens qui ont implanté ce type d'assurance au cours des dernières décennies. Nous présenterons un livre blanc au printemps pour une période de consultation et une loi qui sera présentée à l'automne avec une entrée en vigueur prévue le 1er avril 2014 pour l'année budgétaire subséquente. Permettez-moi de souligner quelques autres éléments de notre plan d'action, notamment la priorité à la santé mentale avec un nouveau plan d'action en préparation, qui, bien sûr, présentera une lutte efficace contre la stigmatisation et également des éléments de prévention qui seront, vous l'avez bien deviné, également partie de notre politique de prévention. Nous souhaitons un meilleur arrimage avec la première ligne et nous souhaitons mettre l'emphase sur le suivi intensif dans le milieu pour les malades présentant des troubles graves de santé mentale. La deuxième pathologie pour laquelle nous voulons accorder une priorité, c'est la lutte contre le cancer, avec la publication, dans les prochaines semaines, d'un plan directeur en cancérologie accompagné d'un plan d'action qui établit un principe de hiérarchisation des services et d'intégration des services de façon à faciliter le passage entre le dépistage, le diagnostic et le traitement chez les patients qui présentent un cancer. Et cette stratégie permettra d'avoir une meilleure efficacité de nos traitements et également de faire en sorte d'améliorer l'efficience du réseau. Nous souhaitons également mettre l'emphase sur l'amélioration de l'efficience de l'ensemble des processus du réseau de la santé et des services sociaux. Nous souhaitons, dans cette perspective, améliorer la gouvernance, c'est-à-dire bien définir les rôles au niveau du national, au niveau du régional et du local. Nous aurons à réfléchir sur ces rôles et nous souhaitons également que l'optimisation des processus fasse en sorte que l'on diminue les frais administratifs pour prioriser les soins cliniques des patients. Et, dans cette perspective, le recours aux technologies de l'information s'avère un outil extrêmement puissant, et nous souhaitons compléter le plus rapidement possible le Dossier santé Québec et l'implantation des dossiers médicaux électroniques. Depuis notre entrée en poste comme ministre de la Santé et des Services sociaux, nous sommes allés sur le terrain rencontrer les intervenants, rencontrer les agences, les établissements. Je continuerai cette tournée au cours des prochains mois, et nous avons déjà remis le réseau en marche en mettant de l'ordre dans les finances publiques pour atteindre les cibles budgétaires de 2012 2013. Nous avons fait le ménage dans les immobilisations. Nous avons découvert un certain nombre d'immobilisations annoncées mais qui n'étaient pas provisionnées, et, sur le terrain, ça entraîne beaucoup de déception, M. le Président, et nous souhaitons mieux gérer la mise en place des immobilisations et des infrastructures dont le réseau de la santé et des services sociaux a bien besoin. Nous avons réglé en quelques semaines le conflit avec les ambulanciers qui traînait depuis quelques années. Nous avons lancé, en présence du président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, un plan d'action sur les groupes de médecins de famille avec l'informatisation des cliniques médicales et l'implantation du dossier médical électronique. Nous avons lancé un plan d'action pour renforcer, comme je le disais, le réseau des GMF. Nous avons injecté 110 millions dans les soins à domicile pour permettre aux aînés et aux proches aidants de souffler un peu. Et nous avons entamé une réflexion sur la formation initiale des infirmières pour mieux répondre aux besoins du réseau pour les prochaines décennies. Nous avons annoncé, avec le Collège des médecins et l'Ordre des pharmaciens du Québec, l'adoption d'un règlement découlant du projet de loi n° 41 pour que les pharmaciens puissent contribuer à désengorger le système de santé et à améliorer l'accès à la première ligne. Encore la semaine dernière, on annonçait la création d'une banque de données pour lutter plus efficacement contre le suicide, une banque de données qui combine les données des coroners avec celles de la Régie de l'assurance maladie du Québec de façon à mieux comprendre le phénomène du suicide pour nous donner des pistes d'action claires, des pistes d'intervention pour diminuer ce fléau important qui menace la société québécoise. Nous avons manifesté notre intention de faire le ménage dans les frais accessoires et d'assurer un accès équitable au système de santé public et universel. Vous savez, M. le Président, le système de santé est une fierté pour les Québécois. C'est un système de santé qui a vécu, au cours de la dernière décennie, des problèmes d'accès importants, une diminution de l'accès important, une ouverture vers privé, M. le Président, et c'est la dernière chose qu'il faut faire dans un contexte de vieillissement de la population. On a toléré des mains-d'oeuvre indépendantes, des agences privées de placement. On a toléré des frais accessoires, M. le Président. Et, lorsque le ministre Couillard a quitté ses fonctions, il a ouvert le système de santé à des cliniques privées qui viennent miner notre système de santé public et universel et qui font en sorte que ceux qui ont de l'argent sont capables d'avoir un accès privilégié au système de santé, alors que la philosophie fondamentale de notre système de santé, c'est que les besoins cliniques et la carte d'assurance maladie conditionnent l'accès aux services. Nous voulons un système de santé public, universel, accessible, mais aussi efficace et performant. Nous voulons, M. le Président, la santé pour tous. Merci.